65 ans d’indépendance : l’environnement congolais au bord du gouffre
Alors que la République démocratique du Congo (RDC) a célèbré lundi 30 juin le 65e anniversaire de son indépendance, un pan crucial de sa souveraineté demeure gravement négligé : l’environnement. Doté de la deuxième plus grande forêt tropicale du monde après l’Amazonie, le pays abrite un écosystème d’une valeur inestimable pour la planète. Pourtant, ce patrimoine naturel est aujourd’hui menacé par une exploitation incontrôlée et une gouvernance défaillante.
« L’exploitation illégale des ressources du pays par des étrangers, souvent avec la complicité de Congolais, a débuté avec la première guerre de libération en 1996 », déplore Thomas Wawa Tchizu, ancien fonctionnaire du ministère de l’Environnement. Il rappelle que dès 1997, des hommes d’affaires parlant anglais, kinyarwanda ou kiswahili ont commencé à s’accaparer les ressources naturelles de l’Est de la RDC, entraînant une déforestation massive et une perte accélérée de biodiversité.
Un patrimoine naturel en péril
Des études récentes montrent une déforestation galopante, menaçant non seulement la faune et la flore, mais aussi les communautés locales qui vivent de la terre et des forêts. Pour Batundi Hangi Vicar, coordinateur du FDAPID, cette situation résulte d’une indépendance inachevée : « Il est temps de bâtir sur des bases solides. Sans souveraineté environnementale, il ne peut y avoir d’indépendance réelle – ni économique, ni sécuritaire, ni politique. »
Bien que les données de la tour à flux de Yangambi placent la RDC au rang de «premier poumon vert» de la planète, le pays peine à faire entendre sa voix dans les négociations internationales sur le climat. Pour Me Félix Lilakako, avocat spécialisé dans le droit environnemental : « Nous avons les textes, les ressources, les experts. Mais il faut former nos représentants, définir une stratégie claire et anticiper les négociations internationales. Une inflation législative ne suffit pas sans une application concrète. »
Climat : un avenir incertain pour les Congolais
La déforestation et l’absence de politiques environnementales efficaces aggravent les effets du changement climatique en RDC. Inondations, sécheresses, érosion des sols et insécurité alimentaire deviennent le quotidien de millions de citoyens. Emmanuel Ntumba, membre du club UNESCO sur les questions environnementales, tire la sonnette d’alarme : «En 65 ans, il n’y a jamais eu de véritable politique environnementale en RDC. Les catastrophes naturelles se multiplient, et notre incapacité à y faire face devient dangereuse. »
Indépendance rime avec responsabilité
À l’occasion de cette date symbolique, plusieurs voix issues de la société civile appellent à un sursaut collectif. Pour Jacques Mfoundi, acteur engagé à Kinshasa : « Nous n’avons pas un autre pays. Chaque geste individuel compte. Il est temps d’arrêter d’attendre des miracles de ceux qui nous dirigent. »
Alors que la RDC commémore son indépendance, il est urgent d’y adjoindre une véritable souveraineté environnementale. Cela passe par une lutte résolue contre la corruption, des politiques de développement durable ambitieuses, et une valorisation des droits des peuples autochtones. Protéger l’environnement congolais, c’est assurer le bien-être des générations futures et offrir au monde une chance supplémentaire de lutter contre la crise climatique.